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Rosee matinale
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16 septembre 2011

2012 : la gauche fera-t-elle mal à droite ?

Cette semaine, un entretien avec l'historien Pierre Rosanvallon, dans Télérama me fait à l'instar du journaliste qui l'interroge, me Sempé-j'ai mal partout080poser cette question : les candidats à l'élection l'ont-ils lu ? ou en ont-ils l'intention ? Et notamment les socialistes. S'ils avaient pris le temps, ensemble, le temps d'une véritable réflexion sur notre avenir en commun, peut-être ne nous serions-nous pas enlisés dans ces Primaires que je trouve calamiteuses.

Pierre Rosanvallon nous parle d'une nouvelle philosophie de l"égalité et du vivre ensemble".

La notion d'individualité a beaucoup changé. A la fin du XVIIIe "l'individualisme... c'est être considéré... comme les autres ! La similarité l'emporte, on veut être quelconque. Aujourd'hui c'est le contraire, on veut tous être quelqu'un, chacun veut être reconnu comme unique."

L'historien explique qu' "au XIIIe siècle Sieyès affirmait que l'égalité passait par la multiplicité des trottoirs et des réverbères, espaces partagés par tous. Aujourd'hui dit Rosanvallon, les espaces fréquentés aussi bien par les riches que les pauvres se font rares, de même que les expériences de vie commune (à l'exception peut-être, des stades de foot)". "Refaire société est un préalable à toute reconstruction de l'état providence, aujourd'hui en voie de décomposition avancée.Il faut produire du commun, par une politique de la ville qui, dit-il encore, doit reprendre une place centrale dans la politique de gauche."

"Et, la gauche coincée dans une logique programmatique, oublie de proposer une véritable philosophie sociale et n'a été forte que lorsqu'elle était intellectuellement hégémonique. Or elle ne l'est plus. Ces idées de mérite et d'égalité des chances dominent sa réflexion, idées reprises depuis longtemps par la droite" et auxquelles la gauche essaie désormais, timidement d'ajouter moultes extensions, sans patrimoine intellectuel renouvelé.

sempe0La notion de solidarité s'amenuise, "On oublie, dit le philosophe, que lorsque la gauche est arrivée au pouvoir en 1981, le taux marginal supérieur de l'impôt sur le revenu était de 65 %, alors qu'aujourd'hui même à gauche personne n'ose évoquer 60% !"

Il évoque également la notion de réciprocité ; qui est "l'idée que chacun est traité comme les autres"... "finis les passe-droits et ensemble on construit une nouvelle société dans laquelle chacun joue selon les règles." L'impôt, encore, dont les taux ne sont pas proportionnels aux bénéfices, et accroit ainsi la sensiblité de certaines couches sociales.

Pierre Rosavallon nous  dit : "le problème de la reproduction sociale est central : au XIXe, le premier socialiste venu savait que la question de l'héritage était au coeur du débat sur l'égalité. Je suis troublé que la gauche française n'en fasse pas une variable décisive de sa politique sociale aujourd'hui. D'autant plus troublé qu'on voit se reconstituer des inégalités de patrimoine dignes du début du siècle dernier. C'est le retour des rentiers ! ..." Aujourd'hui, les revenus seuls d'un travailleur salarié moyen, même s'il épargne, ne peuvent plus lui permettre d'acheter un bien dans une grande ville.

Et quand on lui demande ce qu'il se passera sinon... Il répond : "Pour moi 2012 est l'élection de la dernière chance si un tournant n'est pas pris, les émeutes se multiplieront ici aussi et l'expression politique virera à droite, mais pas la droite parlementaire classique, cette fois ; plutôt le modèle hongrois d'un gouvernement conservateur obligé de faire alliance avec des partis d'extrême droite, sur des bases ultra populistes alimentées par la xénophobie et la dénonciation fantasmatique d'un certain nombre d'"élites"."sempe-1

Et enfin il termine en disant "Si la gauche ne se relève pas, si elle persiste à mouliner des idées générales, sans prise sur la réalité, c'est ce danger qui nous menace."

Pierre Rosanvallon : "La société des égaux". Seuil.

Enfin, une petite phrase à méditer : "Être de gauche c'est se poser des questions ; être de droite c'est ne même pas penser qu'il y a des questions à se poser !" François Cavanna.

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