Bilan d'[in]compétence
Je n'en reviens pas !
Me retrouver une fois de plus dans ce traquenard. Orientée par ma nouvelle conseillère anpe vers un bilan de compétences. Bien obligée d'accepter. J'arrive dans une rue au numéro indiqué, une bâtisse terne, une entrée de parking, pas d'enseigne. Des gens sont là, attendent sous ce porche. On se dit bonjour, on sympathise, on fume une clope, entre "clients". On entre. Un accueil qui laisse à désirer (un demi sourire et même pas bonjour) et nous voici dans une salle avec une autre personne (sympathique) qui va animer la réunion. Qui s'empresse déjà de nous dire qu'elle est intérimaire et qu'on finira avec sa collègue en congés de maternité… Et qu'elle fait une heure de route pour venir travailler comme pour justifier que des miracles ici il n'y en aura pas. Ça tombe bien j'en attends pas !!! D'ailleurs ça se confirme, car elle nous apprend qu'on n'est pas venus pour la journée, mais qu'après un entretien court on pourra partir !! Mais pourquoi nous fait-on faire 45 kilomètres (A/R) pour passer une seule heure dans cet endroit impersonnel et beige, très beige, si beige, moquette murale oblige, pour un entretien minable. La conseillère est plus occupée à bien remplir les papiers, comme à l'école, la langue presque tirée sur sa copie. M'écoute-t-elle, visiblement absente ? Surtout que je suis obligée de parler un peu bas, car l'entretien individuel se déroule dans une salle, où il y a, là déjà installé, un monsieur plus très jeune qui se concentre sur un dossier. Avec Julie, ma nouvelle copine, 26 ans, jeune démerdarde de la vie visiblement, nous nous sommes arrangées pour passer en premier et je la ramène chez elle, solidaire. Rendez-vous mardi prochain même heure même endroit…
J'ai l'impression, après avoir été une salariée, je ne dis pas respectée mais… de retomber lourdement dans la fosse. Les marches difficilement gravies ces dernières années n'auraient-elle servi à rien ?
Un premier bilan, il y a une vingtaine d'années après la fin de notre entreprise d'ambulance, m'avait déjà déçue. L'animateur à barbe de père noël, au demeurant sympathique, pull marin rayé rouge et bleu, é…tait…très…lent. Un public de chômeurs et une fleur des compétence ! Au bout du deuxième jour, il nous dit : « Moi mon rêve ce serait d'élever des abeilles dans les Monts-d'arrée (nos montagnes locales)… » Et moi je lui ai dis dans ma tête « ben vas-y pauv'con (j'ai droit ?) en tout cas moi je me tire ! » et je ne suis pas revenue l'après-midi même pour du rien.
Et des fois il y a LA rencontre. En 1990, mon ex-mari travaillait à Paris et voulait changer de métier après son contrat, pour revenir en Bretagne. Je suis allée à l'anpe pour lui. Et la personne, sympathique que j'ai rencontrée après les présentations m'avait simplement dit en me regardant bien dans les yeux « Et vous ? ». J'avais balbutié « Heu… seule… enfants petits… rien… je ne sais pas… ». Et tout cela après bien des démarches, grâce à moi, avait débouché sur un cdi et un nouveau métier…
Je dis ça, car il faut bien voir que dans cette cour, des miracles il n'y aura point et que si je m'en sors ce sera bien grâce à moi.