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Rosee matinale
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18 avril 2011

Art triste

art_1L’article de Rimbus me fait rebondir sur l'art, les artistes, leurs conceptions du travail et leurs messages. En effet j’entretiens avec cette corporation une relation souvent teintée d’agacement.

Quand j’ai commencé à m’intéresser aux choses de l’art, j’étais jeune et inexpérimentée (je le suis restée d'ailleurs : pas jeune mais inexpérimentée…). Je peignais et dessinais beaucoup, j’aimais ça et m’intéressais à l’histoire de l’art ; ma maman ayant beaucoup de livres sur ces sujets. En entrant aux Beaux-Arts, fière d’y avoir été acceptée sans mon baccalauréat, sur concours, j’étais naïve, pleine de projets, d’ambition et d’envie d’exercer mon talent sur le papier ou autres supports. Et j’ai vite été déçue. Déçue de la tournure que prenaient les choses et les cours. Une incompréhension s’est installée et ne s’est jamais tarie. Je pense que tout d’abord je m’étais trompé de voie et que j’aurais dû aller vers les métiers artistiques classiques de la restauration de tableaux ou quelque chose s’en approchant.

Dans une classe de 15 élèves, je me suis retrouvée face à une création à tout-va, avec tout et n’importe quoi. Des UV qu’il fallait obtenir avec des sujets plus ou moins attractifs genre, en volume : "je voudrais que vous ME fassiez une maquette mais attention il ne faudra pas que ce soit une maquette !!!" Ou bien "les concepts". Ou un autre prof qui nous faisait travailler sur des reste de sépultures d’enfants… Ou Madame Jenesaisplus qui nous faisait faire des applats de couleurs comme des enfants.

Il fallait donner des réponses avant même d’avoir étudié les bases essentielles de la connaissance, qui devaient théoriquement nous être enseignées en probation. Mon envie de créer et de peindre et de dessiner a été tuée dans l’œuf… Je pense que l’école y est pour beaucoup, les cours étaient statiques ou optaient pour une vue essentiellement « plastique » des choses. De profondeur aucune, même les cours de méthodologie me semblaient médiocres et incompréhensibles. Et puis à la fin du trimestre nous exposions nos « œuvres » et le directeur passait tel un potentat, que parfois nous attendions une journée entière, jugeant d’un rapide coup d’œil excédé le travail de ses étudiants. Le verdict, toujours subjectif, tombait comme un couperet pour certains… C’était pathétique. Nous avons su plus tard que ce directeur, artiste lui-même (raté ?) sculptait des formes dans des paquets de Gauloises. Moui.

Un exemple parmi tant d'autres, Marie-Jo, elle, élève comme moi avait tout compris et nous pondait des petits tas de terre des environs, comme de petites merdes, sur des petits papiers… et c’était cela son travail, et ça marchait bien pour elle !!!!  Elle ne savait pas dessiner mais ce n’était pas grave, le tout était de créer avec des bouts de ficelles, c’était ça qui était bien vu !! Mais n’est pas grand artiste qui veut et je l’ai revue plus tard exposant tant bien que mal ses médiocres aquarelles dans une maison de quartier… J’ai aussi vu une élève de troisième année, encoller de grandes feuilles de papiers dans son atelier privatif pendant deux ans et demi, sans répit, je n’ai jamais su ce qu’elle en ferait… Et d'autres encore s'engageant dans des voies artistiques toutes aussi inintéressantes qu'intéressées… Exposer c'est oser aussi, tant pis.

Seuls  deux professeurs m’ont laissé de cette période un souvenir dont je garde vif en mémoire, l’enseignement profond, moderne et juste de ce que je m’imaginais être une école d’art. Ils m’ont fait avancer dans mes réflexions et mes décisions (ne continuer qu'en dilettante) : Monsieur Olivier Mourgue ; designer de renom grâce à sa célèbre Olivier_Mourgue_Serie_Djinn_1965_chaise djinn, nous avait appris à faire des cerfs-volants à la japonaise, des choses légères, ce qui changeait de la terre à modeler que l'on nous fournissait pourrie et pleine de plâtre ! Nous avions aussi des cours de graphisme (mes préférés), dessiner sur le tas, des choses en mouvement, sur un petit carnet ; le professeur (à la tête d’un savant fou, la cravate de travers) nous CALDER_Alexandre_Exposition_Calder_musee_national_d_art_moderne_Affiche_tiree_en_lithographie_sur_papier_3360demandait de dessiner le « caillou », rapidement sans s’occuper du contour des choses mais par les ombres, lui donner de la vie etc. C’était étonnant, novateur, il arrivait en cours avec une chouette morte ou autres coquilles St-Jacques et poissons limites frais et hop on sortait l’aquarelle ! Il m’avait gratifié d’une belle annotation sur mon bulletin : vision large !

Aujourd'hui j'aime la chose artistique, mais de manière brute. Je vois, je ressens, je réfléchis. Quand l’artiste est obligé de faire tout un commentaire sur sa démarche, ce qu’il a voulu faire et pourquoi et comment etc… c’est raté. Mais ce n’est que mon humble avis. Et pourtant je suis ouverte à beaucoup de choses, mais mes yeux parlent d’abord, ensuite le cœur puis l’esprit.

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Commentaires
M
;-)
C
Tu n'as pas de regrets à avoir regarde comme tu es créatif aujourd'hui !!!!! ;o)) <br /> Les deux œuvres que tu m'as offertes trônent en bonne place chez moi et tu n'as rien à envier aux pseudos-artistes que j'ai connus ! Continue Choule à nous faire voir tes belles créas…
M
ça me fait plaisir de lire ton ressenti. Il correspond d'ailleurs à d'autres avis d'anciens "écoliers d'art". D'un côté, je me dis que j'ai peut-être pas raté grand chose en ne faisant pas ces écoles. D'un autre, je regrette aussi que mes parents ne m'aient pas poussé vers cette formation alors que j'en avais tôt les prédispositions (pour eux, les Beaux-Arts, c'était pour les voyous). Je me dis que j'aurais pu alors en faire mon métier. Enfin, avec des "si"...<br /> Bonne soirée et des bises.
R
Bon billet, j'aime surtout le dernier paragraphe, je pense tout pareil.
A
:-)
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