Pilule « Messie » : mais non !
Maigrir le maître mot. Le besoin de croire en quelque chose, aujourd'hui dans cette conjoncture difficile.
Je suis fille d'une femme que l'on peut qualifier de forte, qui elle-même était rationnée enfant et à qui on ne donnait qu'une tartine quand ses sœurs en avaient deux au goûter. Qui, ensuite me voyant m'arrondir m'a fait une vie assez difficile en me faisant des gros yeux à l'apéro ou au moment du dessert ou du goûter. Un régime à 14 ans, avec des coupe-faim en prime débutera cette spirale sans fin. À cette époque les médecins en prescrivaient allègrement, sans problème… C'est à peu près la même chose que des amphèt'.
J'ai ensuite eu une fille qui s'est arrondie à l'âge de 9-10 ans, et ma première volonté a été de ne pas l'embêter outre mesure avec ça. Surtout que son frère n'avait pas ce problème. Et souvent gardés chez ma mère à cette époque ; elle, en garde un souvenir d'injustice et de frustration.
Cependant maintenant qu'elle est de taille et de poids normaux, je ne regrette pas de ne pas l'avoir mise au régime trop tôt. Quand elle a eu 9 ans, on avait été consulter une diététicienne, deux, plus exactement, mais qui se contredisaient, bref, échec ! Elle a décidé elle-même quand elle s'est sentie prête et sans médicament, et avec mon soutien.
Les gros sont mal acceptés, moqués, et ne trouvent pas facilement de vêtements, de places. Un gros ne peut pas manger un sandwich dans la rue sans que les gens autour ne se disent, quel gourmand.
Notre société est perverse. Elle offre aux enfants des goûters pleins de sucre qu'elle dit pleins de « bons » fruits, des gâteaux qui contiennent un « grand »verre de lait. Regardez les photos dans les Mac Do, d'alléchantes salades pleines de rosée, on se ment à soi-même. Tout est tentant à tous les coins de rue. Certains enfants peuvent manger sans grossir d'autres ce n'est pas le cas. Ils ont du mal à être acceptés. Pour s'en disculper on dit : « oui mais leur santé etc. » Ok mais on sait qu'on ne maigrit pas en le souhaitant simplement, que c'est difficile, extrêmement, surtout pour un enfant, et que c'est comme un alcoolique c'est à vie. Il faudra faire attention, sinon on commence à faire le yoyo. Ce qui n'est pas bon.
Cette pilule n'est certainement pas miracle. La société doit accepter des gens, notamment des femmes, qui font du 44 ou 46 ou 48 en taille sans les considérer comme hors norme et au contraire les aider à se sentir bien dans leur peau.. Remarquez dans les photos de groupes pour les pubs on voit des couleurs maintenant, mais pas de gros encore.
Faisons la différence entre gros et très gros. Être en chair n'est pas une tare. Maigrir à tout prix n'est pas obligatoire. J'espère que dans deux ou trois ans, on ne nous dira pas attention cette pilule est très dangereuse et provoque tel cancer ou telle sclérose etc. Comme l'Isoméride que j'ai pris il y a une quinzaine d'années…